dimanche 6 novembre 2016

Superstitions et croyances des marins

La mer est hostile, et pleine de monstres cruels et terrifiants. Les tempêtes guettent quand ce n'est pas le calme plat. La menace de la noyade rôde et la durée du voyage est toujours approximative.
Le marin n'a pas seulement besoin de chance et de compétences, il doit aussi recourir à la magie populaire, pour s'attirer un peu de sécurité et de sérénité.
Les coïncidences ont dû faire beaucoup pour l'élaboration des superstitions : si l'on remarque quelque évènement qui a porté bonheur, on s'efforcera de reproduire ces conditions de bonne fortune.
A l'inverse, les coïncidences malheureuses ont déterminé les occurences à éviter...

Animaux

  • Ane : Malgré sa réputation d'animal bête, borné, mais courageux, il était de bon augure pour les pêcheurs de la région de Saint-Malo de voir un âne avant d'embarquer.
  • Albatros : Attirant peu la sympathie des marins car il est réputé annoncer mauvais temps et tempête quand il se pose sur l'eau, il est en revanche de bonne augure de le voir planer : signe de bon vent et de bon temps. Si l'albatros recèle l'âme d'un marin mort en mer, en tuer un n'est pas conseillé. En effet, celà peut attirer une longue période de malchance sur un navire.
  • Bouc : Habituellement considéré comme un animal voué au diable, la peau du bouc possède des vertus protectrices. Selon les marins du Finistère, l'accrocher en haut du grand mât permettra de faire un voyage sans encombre .
  • Chat : Son utilité sur un bateau ? Éliminer les rats. Cependant malgré ses services rendus on le voit pas toujours d'un bon oeil à bord : il est associé au diable, et il convient d'user avec lui de précautions particulières. Ainsi, on n'embarque pas un chat ! Mais s'il vient de son propre chef ou par hasard, il est admis, car le débarquer augurerait de bien des infortunes et l'envoyer par-dessus bord suscitera sans aucun doute de graves intempéries ou d'affreux malheurs. Mais il arrive qu'on ne veuille pas de lui à bord, et prononcer son nom peut être proscrit. Il n'est pas bon de l'entendre miauler, il vaut mieux qu'il reste silencieux. Un chat noir est carrément malvenu, sauf chez les Anglais, qui pensent au contraire qu'il prévient des coups de tabac en ondulant de la queue. En Bretagne, apercevoir un chat avant le départ en mer est un événement susceptible d'annuler la sortie, car le présage est funeste. En Amérique, le chat possède la réputation d'annoncer les tempêtes quand il se frotte la face, ce qui est une bonne observation, car sensible aux changements climatiques, l'animal devient irritable.
  • Chien : Le fidèle compagnon de l'homme n'est pas très favorable aux pêcheurs Bretons, les Écossais s'interdisent même de prononcer son nom.
  • Corbeau : Si un corbeau proche du bord de mer croasse pendant la nuit ou au petit matin, c'est le présage d'une tempête.
  • Cormoran : Le pêcheur n'apprécie guère le cormoran, car en voir un signifie que la pêche sera maigre, surtout si une mouette suit. Les cris du cormoran annoncent une prochaine dégradation de la météo.
  • Goéland : Le goéland, comme la mouette, abrite l'âme d'un noyé dont on n'a jamais retrouvé le corps. Il ne faut donc pas tuer le goéland pour ne pas porter préjudice à l'âme qu'l abrite.
  • Lapin - Lièvre : Lapin est un des nombreux mots bannis sur les bateaux : c'est l'animal le plus détesté des marins. Cela paraît étonnant pour une si gentille bête. La légende raconte que ces animaux sont à l'origine de naufrages car une fois échappés de leurs cages, ils grignotent l'étoupe (qui empêche les infiltrations d'eau), rendant la coque non étanche, de plus ils semblent adorer le chanvre dont sont faits les cordages sur un navire. Lorsque cela est nécessaire, le lapin sera appelé "pollop", "animal aux longues oreilles" ou "cousin du lièvre".
  • Mouette :La mouette, comme nombre d'oiseaux marins, porte l'âme d'un marin mort en mer.
  • Rats : Les rats sur véhiculent parasites et maladies, dévorent tout : c'est un véritable fléau. En revanche, un bateau privé de rats est dans une mauvaise passe, car les rats l'auront quitté car ils auront eu la pré-science d'un catastrophe.

Végétaux

  • Ail : Depuis l'Antiquité, ce légume jouit de la meilleure des réputations. Il est éloigne la malchance, tient à distance tempêtes et coups de tabac, et surtout, éloigne les monstres aquatiques. Il donne force et courage, et débarrasse de la vermine. On sait aujourd'hui qu'il possède des facultés bactéricides, et les bienfaits qu'il apportait aux marins mal nourris et mal soignés, étaient peut-être moins symboliques que simplement thérapeutiques.
  • Algue : L'algue a des vertus de guérison telles que les brûlures, fièvres, morsures... L'algue Varech (ou Goémon) rend intelligent et protège de la foudre, voila pourquoi les marins en ornaient les parois de leur bâtiment.
  • Fleurs coupées : Les fleurs sont utilisées à l'élaboration des couronnes funéraires et sont jetées à la mer lors du décès d'un marin. Il est souvent déconseillé d'en amener sur un bateau au risque de "provoquer" la disparition du marin lors de son prochain voyage.

Personnages

  • Avocat : Tout comme le prêtre, l'avocat n'est pas le bienvenu sur un navire : sa longue toge noire n'évoque telle pas à la fois la femme, le deuil et le curé...
  • Femme : La présence d'une femme est interdite à bord, cependant cette loi est actuellement mise à défaut : évolution des mœurs et féminisme oblige. Cette tradition peut s'expliquer par le fait que, les marins vivant de longs mois dans une intense frustration physique et sentimentale, une femme circulant au milieu de l'équipage ne pouvait qu'alimenter passions, jalousies, querelles, tentatives de viol... Laissant simplement laisser se répandre, dans une population aussi superstitieuse que les marins, une réputation de porte-malheur était une bonne façon d'éviter ces désagréments. Une femme qui se serait malgré tout introduite à bord pouvait subir l'un ou l'autre des châtiments suivants : être jetée par-dessus bord (en particulier si c'était une prostituée), ou être ligotée au mât jusqu'à la fin du voyage.
  • Idiot : Un pêcheur croisant un boiteux ou un bigleux préfèrera éviter de prendre la mer. En revanche, s'il croise un idiot, la pêche risque d'être fructueuse.
  • Marraine : La marraine est la femme qui préside au lancement d'un navire. Le choix de la marraine doit être rigoureux. Elle doit être vigoureuse pour casser la bouteille d'un seul coup, et ne doit surtout être ni enceinte ni mariée sinon le bateau ne tarderait pas à sombrer.
  • Mort : Si quelqu'un meurt sur un bateau, c'est un très mauvais présage : le défunt pourrait considérer le bateau comme son cercueil et le faire couler. La mer et les poissons le réclamant, les vents pourraient les aider à obtenir leur dû en se levant et en s'acharnant sur le bateau tant que le corps est à bord. L'explication la plus rationnelle réside dans le risque d'épidémie lors de la décomposition du cadavre. Quand par exception, on ramène un corps à la terre ferme, il est d'usage de le faire voyager transversalement par rapport à l'axe du bateau, et il faudra le faire débarquer en premier. Une fois l'enterrement terminé, pour apaiser la mer couroussée qu'on lui ait volé sa proie, donc, on lui jette une couronne de fleurs au nom du défunt et une bougie allumée.
  • Mousse : On ne le mange pas toujours en cas de famine, mais en cas de calme plat, un croyance voulait que si on fouettait le mousse, le vent revenait.
  • Prêtre : Le prêtre est vêtu de noir (couleur néfaste) et porte une soutane (ressemblant aux robes portée par les femmes) est indésirable sur un bateau. Les marins évitent de prononcer le mot prêtre et par extension, les mots moine, chapelle, église, curé... pour ne pas risquer tempête et naufrage. On remplacera un de ces mots dangereux par un autre et on dira "J'ai vu le cabestan", plutôt que de dire "J'ai vu le prêtre". Pour être sur d'en revenir, un prêtre qui part en mer doit toujours laisser son église ouverte (Irlande).

Bateau

  • Coque : Lors de la construction d'un bateau, dès que la coque est terminée, il est d'usage en Bretagne de l'asperger d'eau de mer en abondance pour l'habituer au futur milieu qui sera le sien. Ces gestes sont accompagnés de prières et de voeux. Pour nommer un navire, ou pour son immatriculation, il est nécessaire de faire apparaître des lettres sur la coque de celui-ci. Certaines lettres ont des sections plongeantes comme A ou E au contraire du C. Pour les marins il est important de ne pas provoquer ou agresser la mer, mais c'est le cas de ces lettres avec des sections plongeantes. Ainsi, sur de nombreux navires les lettres étaient dessinées pour qu'aucune section ne vienne provoquer la mer.
  • Corde : A bord, l'utilisation du mot "corde" est tabou, on ne trouve uniquement sur un bateau des cordages, bouts, manœuvres, filins, des aussières mais surtout pas de c... Cet interdit vient certainement du fait que c'est aussi un instrument de supplice au bout duquel on pend les mutins. L'utilisation du mot "corde" n'est autorisée que pour la seule corde qui appelle à manger la soupe : celle servant à sonner la cloche. Cette superstition s'est également perpétuée dans le monde du théâtre, depuis le temps où les matelots, habiles à hisser les voiles, se reconvertissaient dans le maniement des décors, transmettant alors dans les coulisses les superstitions de leur vie de marin.
  • Ficelle : Comme "corde", le mot ficelle, fait partie du vocabulaire interdit à bord d'un bateau.
  • Figure de proue : Les figures de bois sculpté et peint ornant la proue des grands bateaux sont une puissante protection symbolique. Il s'agissait plus rarement de divinités masculines telles que Poséidon ou un triton, ou des animaux comme par exemple un dauphin, mais souvent des femmes ou des sirènes, qui par leurs formes féminines nues ou peu habillées étaient un hommage aux dieux de la mer, qui ne pouvaient qu'être charmés.
  • Hollandais volant : Le Hollandais Volant est le plus célèbre des bateaux, et celui-ci navigue toujours depuis... le XVIIème siècle. Il est condamné à errer en mer éternellement entre le Cap Horn et le cap de Bonne-Espérance, par la faute de son inconscient capitaine Van Der Straeten ! Un jour de l'an 1665, le capitaine, homme borné et intransigeant, refusait de faire relâche dans un port pour que son équipage puisse se reposer et refaire des vivres. Il fallait à tout prix rattraper le retard du navire. Le capitaine souhaitait traverser le cap de Bonne-Espérance par tempête, son équipage lui demandit de patienter, mais le capitaine inflexible refusa. Il chanta des chansons obscènes à la dunette, avant de rentrer dans sa cabine se saoûler encore et encore. La tempête était encore pire que ce que l'on pouvait craindre, et l'équipage terrorisé décida de se mutiner. Mais alors que le chef des mutins prenait la barre, le capitaine, totalement ivre, sortit et abattit le mutin avec son pistolet, et prononça le poing levé face au vent mugissant, les terribles paroles : "Je franchirai ce cap, dussais-je naviguer jusqu'à la fin des temps !!" La légende raconte qu'un fantôme apparut alors. Le capitaine voulut l'abattre, mais le fantôme prononça sa malédiction, ce à quoi le capitaine répondit : "Amen !". Depuis, perpétuellement pris par un vent de tempête, le bateau erre sur les mers, incapable de trouver le repos... on le nomme le Hollandais volant.

Légende ou pas ?

Des rapports font état d'un navire qui apparaît mystérieusement dans les tempêtes.
- En 1835, un capitaine britannique fit état d'un navire fonçant sur lui, mais qui disparut mystérieusement.
- Le 11 juillet 1881, le futur roi d'Angleterre, George V, alors Duc d'York fut le témoin d'une de ses apparitions le longs des côtes australiennes. Alors qu’il prenait le frais sur le pont du HMS Bacchante, il aperçut un halo rougeâtre dans la nuit noire et opaque. Un immense vaisseau apparut et passa devant le bateau, sans aucun bruit… Le lendemain, un des marins de quart cette nuit là, tombait d’un mât et se tuait. Quelques jours plus tard ce fut le tour de l’amiral qui commandait cette flotte. Certains pensèrent à une malédiction provenant du Hollandais Volant. Le journal de bord de La Bacchante relate les faits : « Quatre heures du matin, un brick passa sur notre avant, à environ trois cents mètres, le cap vers nous. Une étrange lumière rouge éclairait le mât, le pont et les voiles. L'homme de bossoir le signala sur l'avant, ainsi que le lieutenant de quart. Un élève officier fut envoyé dans la vigie, Mais il ne vit cette fois aucune trace, aucune signe d'un navire réel. seize personnes ont été témoins de l'apparition. La nuit était claire et la mer calme. Le Tourmaline et le Cléopâtre qui naviguaient par tribord avant nous demandèrent par signaux si nous avions vu l'étrange lumière rouge ».
- En mars 1939, de nombreux baigneurs sur une plage d'Afrique du Sud virent un navire à voile dont la description ressemble fortement à celle d'un brick. Ce dernier apparaît filant sur les flots, toutes voiles dehors alors qu'il n'y avait aucun vent, puis disparaît aussi mystérieusement.
- Durant la bataille de l'Atlantique, un équipage de U-Boot l'aurait entre-aperçu..

Boissons

  • Champagne : « Un navire qui n'a pas goûté au vin goûtera au sang. » : ce proverbe anglais explique à lui-seul l'origine de cette vieille superstition marine. La tradition veut qu'une bouteille soit brisée sur la coque d'un bateau fraîchement mis à l'eau, avant tout pour conjurer le sort. Car sans ce rituel, malheur au navire et à ses occupants. D'ailleurs, la légende a été renforcée avec l'histoire du Titanic, paquebot tristement célèbre pour avoir coulé en 1912 pendant son voyage d'inauguration. La compagnie White Star Line, à laquelle il appartenait, ne baptisait jamais ses bateaux... En revanche, l'utilisation du champagne est plus récente. Auparavant, le sang d'une victime était étalé sur la proue du bateau avant que ce dernier ne prenne la mer. Ceci était censé calmer les dieux, le but étant d'éviter les naufrages, tempêtes et autres accidents de la mer. Ce sacrifice fût abandonné au profit de la bouteille de vin puis de champagne, un breuvage associé au bonheur et à la chance. Parfois, la bouteille ne se brise pas, ce qui est de mauvaise augure. En général, les bouteilles sont donc légèrement sciées à l'avance. Pour éviter toute déconvenue, il faut que le lancer soit franc (pour que la mousse du champagne se répande sur la coque du bateau)... et bruyant, car le bruit éloigne les mauvais esprits !

Objets

  • Bol : Les Anglais qui ont leur bol de petit déjeuner retourné y voient le présage de leur quille de bateau en l'air. Certains tire-au-flanc retournaient leur bol discrètement pour prétendre qu'il allaient porter malheur au navire afin de s'épargner un long voyage.
  • Bottes : Lorsqu'un marin demande à ce qu'on lui amène ses bottes, et que la personne les lui apportant les transporte sur l'épaule, alors il préfèrera ne pas prendre la mer.
  • Bouchon : Pour faire une bonne pêche, faite une entaille sur un bouchon de votre filet et y glissez-y une pièce de monnaie.
  • Boucles d'oreilles : Ce n'est pas la boucle d'oreille en soi qui est sacrée pour un marin superstitieux, mais plutôt le fait d'avoir l'oreille percée... Le percement du lobe a une vertu, celle de garantir une bonne vue et d'empêcher toute maladie ophtalmologique. Ainsi, un marin ayant l'oreille percée pourra repérer au loin les risques de naufrage, la présence d'un iceberg ou d'un bateau ennemi. Inutile de dire qu'une boucle à pince n'aura aucun effet. L'or, quant à lui, a deux fonctions. D'une part, ce métal est censé entretenir la vue quand il est porté à proximité des yeux. D'autre part, l'or servait à payer l'office du curé si un marin mourrait loin de chez lui.
  • Bougie : La vie d'un marin en mer pourra être préservée, en faisant en sorte de ne pas laisser brûler une bougie jusqu'au bout. En Angleterre, une bougie une flamme de bougie bleutée, est le présage d'une mort en mer.
  • Boussole : Les boussoles s'affolent lorsque les femmes ont leurs règles. C'est surement l'une des nombreuses raisons qui font que les femmes sont indésirables sur un bateau.
  • Chaussures :En Angleterre, jeter des vieilles chaussures vers un bateau qui quitte le port est de bon présage. En France, l'effet est inverse et empêche le bateau de revenir...
  • Cigarettes :Quand on allume une cigarette à la flamme d'une bougie, on provoque au même instant la mort en mer d'un marin inconnu, par noyade ou par accident. Autrefois, les phares fonctionnant au pétrole, le gardien conservait le feu à l'aide d'une bougie qui ne devait surtout pas s'éteindre. Ce geste devait donc être évité pour ne pas risquer d'éteindre la bougie et ainsi ne plus pouvoir rallumer le feu du phare : causant la perte des marins en mer, privés de repères. Cette croyance serait aussi liée au fait que l'ancêtre de la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) qui était la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons (créée en 1873) vendait des allumettes, ainsi allumer une cigarette à la bougie revenait à priver de dons la SHSB.
  • Couteau : Tout objet en fer est le bienvenu à bord, et le couteau possède une charge de porte-bonheur. Les Anglais plantaient un couteau dans le grand mât. Par ailleurs, une coutume populaire, encore très répandue dans l'Ouest de la France, et particulièrement en Bretagne, veut que l'on fasse de la pointe du couteau un signe de croix sur l'envers du pain (de très nombreux Bretons, même non-croyants, le font systématiquement).
  • Echelle : Les marins anglais pensent que passer sous une échelle est signe d'une pendaison qui ne serait tarder.
  • Fer à cheval : Le fer à cheval porte-bonheur, surtout s'il est trouvé par un quelconque hasard. Pour que le fer-à-cheval porte bonheur, il faut qu'il soit posé ou accroché l'ouverture vers le haut, car sinon la chance tomberait. Les marins écossais fixaient sur le grand mât un fer à cheval pour apaiser les tempêtes et éviter la guigne.
  • Jeux de cartes : Les jeux de cartes sont interdits à bord des navires car ils créent des bagarres, mais aussi intempéries et malchance. Christophe Colomb a dû jeter à la mer son jeu de cartes durant sa quête sur la route des Indes car la mer était démontée et les vents en rafales. Les éléments se sont calmés à la suite de son geste.
  • Pompon : Le béret des marins de la Marine Nationale porte un pompon rouge que tout le monde peut toucher avec l'index gauche, pour acquérir 24 heures de chance, à condition que le marin ne s'en aperçoive pas. Si le marin se rend compte qu'une fille a réussi à toucher son pompon, il lui réclame un baiser en gage. Si dans une même journée, si on arrive à toucher 3 pompons, on récolte 3 semaines de chance.
  • Seau : Le seau est très utile à bord, et s'il passe par-dessus bord, c'est signe de mauvais présage et le bateau pourrait bien être naufragé ; et si on l'a perdu, on ne partira pas en mer tant qu'on ne l'aura pas retrouvé. Pour les marins anglais, s'asseoir sur un seau renversé porte malheur.

Matériaux

  • Charbon : Le charbon est un matériau très bénéfique et protecteur. Quand vous en trouver un morceau au bord de la mer, il faut le donner à un marin qui le mettra dans sa poche et qui lui évitera la noyade. Si la femme d'un marin, en attisant le feu, retourne un morceau de charbon, elle retourne également le bateau sur lequel vogue son mari, le conduisant ainsi à la mort.
  • Emeraude : L'émeraude est une pierre précieuse très bénéfique : pierre de la jeunesse et de la vitalité, elle évoque du fait de sa couleur verte l'espérance. Bien que rare, elle était utile aux marins, car elle éloignait les tempêtes et tous les dangers maritimes en donnant de la clairvoyance et en perçant les ténèbres.
  • Or : La boucle d'oreille du marin doit obligatoirement être en or, métal aux vertus protrectrices que les autres n'ont pas. L'or améliore la vue ou guérit les maladies des yeux.
  • Rubis : Le rubis mets le marin à l'abri de la noyade.

Divers

  • Âme :La tradition veut que le bateau soit doté d'une âme. La langue anglaise n'attribue ni masculin ni féminin aux objets inanimés, or, depuis des siècles, les noms de bateaux et d'autres véhicules ou nefs, de certains animaux et des nations y sont souvent remplacés par des pronoms personnels féminins, mais il s'agit là d'une forme de personnification qui ressortit à la rhétorique et qui n'a rien de grammatical (« My ship [...]. She [...] »). La preuve en est que ce genre féminin ne correspond pas toujours au genre réel du nom.
  • Appeler un marin :N'appelez jamais un marin au moment de son départ ! On ne doit jamais l'interrompre au risque qu'un un grand malheur s'abatte sur lui en mer : préférez le rejoindre pour lui parler face à face ou lui donner un objet.
  • Arc-en-ciel :Chemin entre le monde des vivants et celui des morts, il n'est pas toujours de bonne augure. On dit en Bretagne qu’il pourrait créer des tempêtes en aspirant l'eau de la mer par ses deux bouts. De même, les marins de la Manche évitent de passer sous cette arche, par peur d'être aspirés. A bord, l'arc-en-ciel ne doit jamais être montré du doigt, sinon le bateau serait immédiatement victime de gros temps.
  • Argent : Tout bateau d'époque a sous son grand mât une pièce d'or, ce qui a pour but d'éloigner la malchance et les encombres. Il était courant de jeter une pièce d'argent avant tout grand voyage afin de s'attirer les grâces de l'océan. Cette pratique était aussi utilisée en cas de calme plat, ce qui permettait de faire revenir le vent.
  • Bonne chance :Tout comme on ne souhaite pas bonne chance à une personne qui passe un examen, il faudra éviter ce genre de vœu à un mari ou un pêcheur en train de s'embarquer.
  • Chandeleur :On évitera de commencer un voyage en mer le 2 février, jour de la Chandeleur.
  • Chants :Si tous les marins chantaient pour se donner du courage durant les manœuvres longues, c'était aussi par crainte d'entendre un chant autant redouté que délicieux : celui des sirènes cherchant à les attirer dans les profondeurs.
  • Cheveux :On évitera de se couper les cheveux à bord par peur de faire lever des tempêtes. Cependant, le marin qui se coupe les cheveux lors d'intempéries pourrait avoir une bonne surprise en revenant chez lui.
  • Cracher : Cracher sert aussi à exercer une protection magique ou chasser le mauvais sort. Ainsi, les pêcheurs crachaient sur leurs filets pour assurer une bonne pêche, mais attention de ne pas cracher dans l'eau : les poissons détestent ces manières et pourraient s'éloigner irrémédiablement. Il a longtemps été d'usage de cracher en direction de celui qui partait pour un long voyage en bateau.
  • Décembre : Il est conseillé de ne pas prendre la mer le 28 décembre, fête des Saints-Innocents. Le 31 décembre, jour de la Saint-Sylvestre, n'est pas plus propice, les cloches des églises des villes englouties carillonnent, accompagnant les processions des noyés à la surface de la mer.
  • Doigt :Montrer du doigt un bateau qui quitte le port, c'est le condamner à un naufrage certain. En plus c'est impoli. L'arc-en-ciel ne doit jamais être montré du doigt non plus à bord sinon le bateau serait immédiatement victime de gros temps.
  • Juron : Jure à bord d'un navire porte malheur aux pêcheurs car le poisson fuit, on évitera alors tant que faire se peut.
  • Mardi :Il n'est pas conseillé de commencer un voyage en mer. De nombreux capitaines préfèrent retarder un départ plutôt que de partir ce jour là.
  • Noyade :Jadis, on ne trouvait pas bon de secourir une personne en danger de noyade ou de sortir un noyé de l'eau pour l'enterrer en terre consacrée. En effet, les esprits de la mer réclameraient leur dû un jour ou l'autre, et le sauveteur était lui même promis à la noyade.
  • Pincer : Durant des siècles, la vie d'un marin était tellement aléatoire, que même ceux qui revenaient au port sains et saufs étaient soupçonnés de revenir hanter les environs. Pour s'assurer donc que le marin n'était pas un fantôme, il fallait le pincer, pour s'assurer de son appartenance au monde des vivants.
  • Siffler : Siffler est interdit à bord des bateau au risque de soulever des vents incontrôlables, ou pire : attirer le diable. Jadis, le contrat d'engagement d'un marin pouvait stipuler qu'il ne doive pas siffler à bord. La seule personne ayant le droit de siffler, voire qui en avait l'obligation, était le cuistot. Tant qu'il sifflait, il ne pouvait pas manger les provisions.
  • Sirènes : Une sirène (en grec ancien Σειρήν / Seirến, sans étymologie sûre d'après le Dictionnaire étymologique de la langue grecque de Pierre Chantraine) est une créature mythologique hybride : mi-femme et mi-oiseau (tradition antique) ou mi-femme et mi-poisson (tradition médiévale).

1. Mythologie

Dans la mythologie grecque, les sirènes sont des êtres moitié-femme et moitié-oiseau qui chantent au-dessus des mers pour attirer les navigateurs et les faire se noyer. Elles passent pour les filles d'Achéloos et de Terpsichore, Melpomène ou Astérope, ou bien de Phorcys et de Céto, ou bien d'Œagre et de Calliope selon les versions. Elles sont généralement au nombre de trois, mais certains auteurs en comptent beaucoup plus. Les noms les plus cités sont :
  • Aglaophone la belle voix
  • Aglaopé le beau visage
  • Leucosie la blanche
  • Ligée au cri perçant
  • Himeropa la douce
  • Parthénope au visage de jeune fille
  • Pisinoé la persuasive
  • Thelxiopé/Thelxinoé l'enchanteresse
  • Thelxiépie la troublante
  • Molpé le chant étrange
  • Raidné le progrès
  • Télès la parfaite
Traditionnellement, lorsqu'elles sont trois, une joue de la lyre, une autre de la flûte et la troisième chante.
La première mention des sirènes dans la littérature se trouve chez Homère, au chant XII de l'Odyssée, dans un des plus fameux passages du récit : Ulysse s'est fait attacher au grand mât de son navire pour pouvoir écouter le chant des sirènes , pendant que ses compagnons rament, les oreilles bouchées par la cire.
Cependant, Homère ne fait aucune allusion à des femmes-oiseaux. Le texte semble même suggérer qu'il pense à des femmes normales se tenant au bord de la mer, contrairement à certaines représentations grecques.
Selon certaines interprétations, les sirènes n’étaient autre chose que des courtisanes qui demeuraient sur les bords de la mer de Sicile et qui séduisaient les marins.
Les Romains racontent d'ailleurs que les sirènes étaient à l'origine des femmes normales, les suivantes de Proserpine, et que c'est suite à l'épisode de l'enlèvement de Proserpine que Cérès, la mère de Proserpine, a transformé les sirènes en femmes-oiseaux.
Très fières de leur voix, elles défient les Muses, filles de Zeus et de Mnémosyne. Les Muses remportent le défi et exigent une couronne faite des plumes des Sirènes. Vaincues, elles se retirent sur les côtes d'Italie méridionale, tout près des détroits où sévissent Charybde et Scylla. Elles charment les marins par leur chant harmonieux, assises dans une prairie sur l’île d'Anthémoessa, autour d'un grand amas d'ossements d'hommes et de peaux en putréfaction.

2. Folklore

Aujourd'hui, les légendes disent que ce sont des êtres moitié-femme et moitié-poisson. Elles sont tenues par l'appel de l'océan. Elles sont immortelles ; les deux premiers siècles de leur vie elles s'amusent et découvrent l'océan, mais ensuite elles se sentent seules et veulent aimer et se faire aimer par un humain.
Elles sont représentées avec une queue de poisson d'un seul tenant ou divisée en deux.
Dans l'imaginaire celte, la sirène séduit les pêcheurs en mer et enlève les enfants. La sœur jumelle de Douarnenez, la Marie Morgane, porte deux jambes au lieu d'une queue de poisson.

3. Afrique

En Afrique la sirène est Mami Wata, Mami wata n'est pas une adaptation de l'anglais. Dans la religion vaudou, la langue mina qui est parlée au Sud du Togo et une partie du sud du Benin, «Amuiê» veut dire serrer »Ata» veut dire la/les jambes. Après les rituels dédiés à la Déesse des eaux pour la fécondité de la femme et dont la principale demeure est l'Océan, le maître (Hougan) ou la maîtresse (Mambo) de cérémonie lui demande de répéter: «Mamui Ata» ce qui veut dire: "je serre les jambes" afin de garder pendant un moment ce que la Déesse a ensemencé. Avec le temps, on nomma la Déesse "Amuia Ata" et avec les déformations phonétiques successives le nom «Mamui Ata» est devenu "Mami Wata"que l'on croît être une adaptation de l'anglais. Elle est aussi appelée Yemendja dans la tradition du vaudou haïtien, un culte spécial lui est même consacré (En Haïti, elle n'est pas appelée Yemanja mais plutôt Simbi ; Yemanja est plus usité à Cuba ou au Brésil). C'est la mère des eaux, déesse crainte des pêcheurs, elle symbolise aussi bien la mer nourricière que l'océan destructeur. Mami Wata est avant tout une divinité éwé, dont le culte est très présent sur la côte atlantique du Togo (mais aussi au Nigéria, au Cameroun, au Congo-Brazzaville) où elle symbolise la puissance suprême, de même que la déesse Durga du panthéon hindouiste symbolise la shakti. Mami Watta est souvent représentée en peinture où elle figure sous les traits d'une sirène ou d'une belle jeune femme brandissant des serpents.
  • Tatouages : Le tatouage est une protection puissante que portaient la plupart des marins, surtout sur la partie supérieure du corps : la poitrine, le coeur et les bras ayant besoin d'être protégés pour qu'ils soient toujours vaillant à l'ouvrage. Les marins des bâtiments de guerre anglais se faisaient tatouer sur le dos un crucifix dans le but de décourager le contre-maître lors des châtiments corporels de les frapper trop forts.
  • Vendredi : Vendredi est le pire jour pour prendre la mer, que ce soit pour la guerre, pour la pêche, ou pour la plaisance.

 

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